Saint-Vert : évolution de la population
Frédéric CHALLET
Le royaume de France connaît une augmentation lente de sa population au cours du XVIIème siècle. Les famines (dues à de mauvaises récoltes liées aux aléas climatiques), les épidémies (la peste qui sévit entre 1628 et 1632 emporte 10 % de la population du royaume) et les guerres (ou plutôt les ravages des gens de guerre) expliquent cette situation. En outre, si les naissances sont nombreuses, la mortalité infantile est très élevée et l'espérance de vie faible. Sur 100 enfants qui naissent, 25 meurent avant l'âge d'un an, 25 autres n'atteignent pas leur vingtième année, 25 autres disparaissent entre 20 et 45 ans (Pierre Goubert, Louis XIV et vingt millions de Français). Une reprise démographique s'amorce au début du XVIIIème siècle et s'accentue dans la seconde moitié du siècle. En Auvergne, la population augmente de 40 % entre 1690 et 1750. Le surpeuplement des régions de montagne est la cause principale de l'émigration temporaire et saisonnière qui se développe au XVIIIème siècle. Puisque la terre ne suffit pas à nourrir toutes les bouches, les hommes partent, durant une partie de l'année, travailler dans d'autres provinces. Le massif du Livradois fournit des scieurs de long. Ces migrations favorisent la circulation des idées et amènent de l'argent frais au pays.
Claude-Marin Saugrain, dans son célèbre Dénombrement du royaume par généralitez, élections, paroisses et feux, publié à Paris, en 1709, donne le chiffre de 127 feux, soit environ 650 habitants, pour la paroisse de Saint-Vert. Mais les grands recensements officiels et réguliers de la population française apparaissent au XIXème siècle. Les recensements de la population de la commune de Saint-Vert conservés aux archives départementales de la Haute-Loire (sous la cote 6 M 263) associés aux chiffres publiés par l'INSEE permettent d'établir le tableau suivant :
années | population de la commune de Saint-Vert |
population du village de Saint-Vert |
1806 | 922 | |
1820 | 849 | 131 |
1826 | 853 | |
1831 | 881 | 141 |
1836 | 893 | |
1841 | 886 | |
1846 | 858 | 118 |
1851 | 850 | 118 |
1856 | 792 | 105 |
1861 | 810 | |
1866 | 789 | |
1871 | 696 | |
1876 | 768 | |
1881 | 744 | |
1886 | 759 | 121 |
1891 | 737 | |
1896 | 705 | |
1901 | 666 | |
1906 | 630 | |
1911 | 566 | |
1921 | 502 | 86 |
1926 | 421 | |
1931 | 375 | 58 |
1936 | 343 | 50 |
1946 | 317 | |
1954 | 278 |
Le peuplement maximum est atteint à Saint-Vert dans la première moitié du XIXème siècle. Les progrès de la médecine, la disparition des grandes épidémies et des famines permettent de faire baisser les taux de mortalité. Mais la seconde moitié du XIXème siècle est marquée par l'exode rural. Les campagnes, plus peuplées que jamais, ne peuvent plus nourrir tout le monde. Les villes, en revanche, offrent de nombreux emplois dans l'industrie. L'émigration temporaire se transforme en émigration définitive. Ce sont d'abord les plus pauvres, ceux qui possèdent peu ou pas de terre du tout, qui partent habiter en ville. En France, la proportion des ruraux par rapport à la population totale passe de 90 % au XVIIIème siècle à 64,1 % en 1881 et 47,6 % en 1936. La crise démographique provoquée par la Première Guerre Mondiale amplifie la chute de la population rurale. Un million et demi de soldats français tombent au combat, auxquels il faut ajouter ceux qui, victimes des gaz, meurent dans les mois ou les années qui suivent la fin du conflit. De plus, comme la grande majorité de ces victimes sont des hommes jeunes, on assiste à un déficit de naissances dans la génération suivante. La commune de Saint-Vert continue à perdre des habitants tout au long du XXème siècle.
répartition de la population de Saint-Vert en 1831
villages et hameaux | nombre de maisons habitées | nombre d'habitants |
Saint-Vert | 38 | 141 |
les Mazeaux | 3 | 17 |
la Bégoniche | 1 | 8 |
les Macans | 7 | 33 |
la Font de Faux | 6 | 39 |
la Côte | 1 | 11 |
les Combes | 7 | 40 |
Pot | 11 | 51 |
la Chaux de Pot | 1 | 7 |
Pépouget | 8 | 53 |
le Jaladif | 3 | 16 |
Salcrut | 1 | 8 |
Pont-Jules | 2 | 15 |
la Roche | 2 | 15 |
la Grange Michel | 2 | 18 |
le Fiou | 9 | 60 |
la Pouille | 5 | 37 |
Longevialle | 10 | 48 |
le Moristel | 3 | 18 |
Chalus | 21 | 109 |
Peymian | 6 | 31 |
Recolle | 5 | 27 |
Chevany | 4 | 24 |
la Faye | 2 | 10 |
Osfond | 8 | 45 |
Source : Archives départementales de la Haute-Loire, 6 M 263
On remarque que les villages de Saint-Vert (141 habitants) et de Chalus (109 habitants) concentrent, en 1831, près de 30 % de la population totale de la commune. En outre, dix villages (Saint-Vert, Chalus, le Fiou, Pépouget, Pot, Longevialle, Osfond, les Combes, la Font de Faux et la Pouille) sur un total de vingt-cinq comptent, en 1831, plus de 35 habitants et regroupent, réunis, plus de 70 % de la population totale de la commune.